
Culture et histoire en Nouvelle-Écosse
Écrit par Émilie
La Nouvelle-Écosse est un peu le « bout du monde » maritime du Canada. Lorsqu’on m’a proposé d’aller passer une semaine de découverte sur place j’étais plus que ravie ! J’ai bien sûr adoré les différents paysages qui font de cette province un vrai enchantement. Pourtant ce qui m’a le plus touché pendant cette semaine de découverte est la diversité culturelle qui enrichit cette province.
La culture acadienne est une des premières qui nous vient à l’esprit quand on parle de la Nouvelle-Écosse. Pourtant le premier peuple à avoir habité cette terre sont les Mi’kmaq. Ils ont occupé pendant des milliers d’années un territoire qu’ils appelaient Mi’kma’ki, constitué des provinces atlantiques (Nouvelle-Écosse, Nouveau-Brunswick, Île-du-Prince-Edouard et Terre-Neuve) ainsi que de portions de la péninsule gaspésienne.
Bien que représentant aujourd’hui seulement 2% de la population, la culture Mi’kmaq est encore présente en Nouvelle-Écosse. On trouve dans la province plus de 800 sites d’occupation ancienne principalement à Blomidon, Debert, Kejimkujik et autour de la rivière Mersey.
Lors de ce séjour nous avons eu la chance de découvrir le Parc National de Kejimjukik, plus communément appelé Keji pour les locaux. Ce parc de 381 kilomètres carrés est une région sauvage protégeant autant la faune typique du Canada Atlantique, la forêt acadienne et la culture mi’kmaq. Le riche patrimoine culturel est notamment constitué de pétroglyphes, de voie de canotages et de sites de campements traditionnels.
Pétroglyphe du Parc National de Kejimkujik
L’équipe en canot dans le parc national
Le parc national est également désigné comme Réserve de Ciel Etoilé du Canada que nous n’avons malheureusement pas pu expérimenter par faute de temps. Cela nous donne une bonne excuse pour revenir dans la région.
Après des milliers d’années sur place, le peuple Mi’kmak a vu l’arrivée des premiers français qui ont fondé l’Acadie entre la Nouvelle-Ecosse et le Nouveau-Brunswick. Arrivés en 1604 les colons français, menés par Samuel de Champlain et Pierre de Gus de Mons, s’installent à Port-Royal (près d’Annapolis Royal) et survivent à leur premier hiver grâce à leur bonne entente avec les Mi’kmaq.
L’esprit de l’Acadie est profondément enraciné en Nouvelle-Écosse. Il y a partout dans la province des lieux, des détails, qui rappellent les intrépides colons français qui s’y sont établis au XVIIe siècle : lieux historiques, culture, langue, musique, nourriture et artisanat. Nous avons eu l’occasion de passer entre autres par les villes de Chéticamp où l’on parle français et d’Annapolis Royal.
Bien que le bastion écossais Annapolis Royal ait été le lieu de nombreuses batailles jusqu’à la chute de Québec en 1759. Situé au bord de la rivière Annapolis, le fort Anne nous entraîne à une époque où les puissances européennes s’affrontaient pour la suprématie en Amérique du Nord. D’abord fortifié par les Écossais dès 1629, le lieu a ensuite été contrôlé par les Français avant de tomber pour de bon entre les mains des troupes britanniques en 1710.
Fort Anne – Annapolis Royal
Cependant le lieu historique national de Grand-Pré reste le site de la plus importante colonie acadienne sur les rives de la baie de Fundy dont l’histoire est immortalisée dans le poème épique d’Henry-Wadsworth Longfellow « Évangéline : une histoire d’Acadie ».
Ce poème relate la Grande Déportation qui a marqué l’histoire de la province. Imprégnée dans la culture commune acadienne et néo-écossaise, cette période marque l’exil forcé de milliers d’Acadiens vers les colonies anglophones situées le long de la côte atlantiques des Etats-Unis. Une partie de ces Acadiens sont maintenant plus connus comme les Cajuns de Louisiane.
Site National Historique de Grand-Pré : l’église du Souvenir et la statue d’Evangéline
Les anglais fort de cette victoire se rendent vite compte que les colons anglais arrivant en Nouvelle-Écosse sont, comme en Australie, principalement des bagnards ou des gens fainéants fuyant l’Angleterre. Fort de cette constatation, les anglais se tournent vers les protestants (luthériens) allemands car réputés comme bon travailleurs. A chaque colon est promis un lopin de terre ainsi qu’un nombre suffisant de matériel pour y bâtir une maison. D’ailleurs fort peu soucieux de la typologie du terrain la carte de la ville a été appliquée telle quelle. Cela donne parfois des routes assez pentues et s’ajoute au charme de la ville.
Une fois arrivée sur place ces colons allemands sont envoyés dans l’ancienne ville acadienne Merligueche pour y fonder la ville de Lunenburg, ainsi nommée en l’honneur du roi de Grande-Bretagne et d’Irlande George II aussi duc de Brunswick-Lunenburg. Malheureusement, principalement agriculteurs, ces nouveaux arrivants se sont vite rendu compte que les terres n’étaient pas cultivables à cause d’un sol très rocailleux. Ils se sont alors tournés vers la mer seule autre ressource de vivres à disposition. On peut d’ailleurs retrouver dans les architectures des églises des arceaux rappelant les coques de bateaux.
Bien que colonie anglaise, les colons allemands ont gardé leur part de culture et ont construit des églises luthériennes. L’église Saint John Church, fondée en 1754, est d’ailleurs la deuxième plus vieille église protestante du Canada. Elle fait d’ailleurs tellement partie intégrante du patrimoine culturel de la ville, que lorsqu’un incendie brûlât cette dernière lors de la nuit d’Halloween 2001 toute la communauté s’est cotisée pour rebâtir l’église à l’identique. La nouvelle église fut inaugurée en 2005.
L’église St. John le lendemain de l’incendie
L’église St. John reconstruite
Eglise St. John – Intérieur
Lunenburg est également le berceau de la goélette Bluenose qui remporta le trophée de course entre pêcheurs de la côte atlantique entre 1921 et 1938. Un symbole canadien que l’on retrouve sur les plaques d’immatriculation néo-écossaise et sur la pièce de 10 cents. Après son naufrage dans les Antilles, fut construite la goélette Bluenose II.
Bluenose II
De part tous ces aspect, la vieille ville de Lunenburg est classée site du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1995. C’est la ville qui illustre le mieux le modèle de communauté planifié de style colonial britannique en Amérique du Nord.
Vue sur la vieille ville de Lunenburg
Comment ne pas parler de la culture celte et gaélique en parlant de la Nouvelle-Écosse. Par son nom même je m’attendais à trouver des traces de la culture mais quelle surprise de voir celle-ci omniprésente dans la partie de Cape Breton Island.
Le gaélique, langue celtique et sa riche culture, ont contribué à donner à la Nouvelle-Ecosse son identité distinctive. Il y a des siècles, des immigrants d’expression gaélique d’Irlande et d’Écosse sont arrivés par dizaines de milliers et se sont établis dans la province. Les Irlandais s’installant plutôt vers Halifax, Sydney et quelques coins ruraux de Cape Breton alors que les Ecossais ont surtout investis l’île de Cape Breton.
La langue et la culture gaéliques de ces premiers colons font partie de la vie quotidienne en Nouvelle-Écosse. Vous pourrez ainsi rouler sur le fameux Cabot Trail et voir des panneaux routiers en anglais et en gaélique et les panneaux vers le Colaisede na Gàidhlig soit le Gaelic College.
Panneau routier sur la Cabot Trail
A Pictou, le long de la promenade, vous pourrez observer les lampadaires mettant à l’honneur différents clan écossais sur Caladh Avenue.
Caladh Avenue – Pictou
Cette richesse culturelle mise en avant tout le long de cette semaine de découverte en Nouvelle-Écosse, je me devais d’aller faire un tour au Musée de l’Immigration d’Halifax. Encore de nos jours, la Province s’enrichit de tous les immigrants arrivés que ce soit il y a 50 ans ou aujourd’hui.
Cette semaine remplie de découvertes culturelles raisonne encore en moi. En plus de ces magnifiques paysages, la richesse de cette province est ce mélange de cultures. La Nouvelle-Écosse a conquis mon cœur et j’y retournerai plus longtemps pour savourer d’avantage ce « mélange de saveurs ».
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