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Nunavik, autre monde et autre temps

Article rédigé par Mathilde

Cet été, j’ai eu la chance incroyable de découvrir le Nunavik avec mes collègues Marie, Caroline & Clotilde. 7 jours d’aventure dans le Grand Nord du Québec, au-delà de ligne des arbres et au nord du 55e parallèle, juste sous le cercle arctique. Nous avons testé pour vous le programme Voyage au pays de la faune arctique, et pour ma part j’étais surexcitée à l’idée de partir sur les traces du bœuf musqué, du caribou, ou de l’ours polaire; d’aller à la rencontre des Inuits, et de fouler une terre encore sauvage et peu explorée.

Cette excitation allait me donner raison : j’ai vécu une semaine extraordinaire, j’ai été subjuguée par la lumière magnifique qui enveloppe la toundra, la faune et la flore exceptionnelles – la toundra, d’apparence rugueuse et sans vie, regorge de fleurs multicolores – j’ai eu le sentiment d’avoir foulé une terre encore très peu explorée par l’Homme et de découvrir une culture encore préservée et authentique, qui n’a pas été transformée en « business » par le tourisme de masse. Mais revenons à notre aventure, que je vous la conte plus en détails; vous retrouverez aussi au bas de l’article toutes les informations pratiques pour bien vendre cette destination à vos clients.

Jour 1 – Rendez-vous en terre inconnue

Pour arriver à notre première étape, on survole la Baie d’Ungava qui nous donne un aperçu incroyable des nuances de couleurs de la toundra et des eaux turquoise. Plusieurs villages bordent la baie, qui comptent quelques centaines d’habitants chacun, principalement des Inuits mais aussi des « Gens du Sud » – comprendre ici le sud du Québec – qui viennent travailler dans la construction, les mines ou encore apporter des soins de santé. Kuujjuaq, où l’on fait escale, est la ville la plus importante avec 3000 habitants environ. Arrivées à Quaqtaq, nous sommes accueillies par notre guide Sean, qui nous accompagnera pour tout le séjour, puis par Bertha et Adami, un couple de guides Inuits, et Jusupi, qui complète l’équipe de guides locaux, et qui est par ailleurs artiste et réalise de très belles sculptures, dont l’une orne l’aéroport.

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Le village de Quaqtaq ©Mathilde Linossier

Nous avons un premier aperçu du village, de 420 habitants. Les maisons sont jolies et colorées, et on y trouve toutes les commodités telles qu’école, piscine, gymnase, hôpital… Les habitants travaillent surtout dans les services municipaux qui gèrent tout, y compris notre hôtel coop où l’on va loger. Nous pouvons ensuite apprécier le paysage lunaire de la toundra en reliant une ancienne station météo désaffectée, qui a notamment enregistré des records de vitesse du vent, et on comprend vite pourquoi quand on manque de s’envoler ! Normalement, à cette époque de l’année, on peut aussi admirer des icebergs qui dérivent, mais pour notre part il faut ouvrir l’œil car cette année ils ont dérivé plus tôt.

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L’ancienne station météo du village de Quaqtaq, on peut notamment admirer des icebergs qui défilent ou encore des bélugas ©Mathilde Linossier

Le soir, Bertha nous fait la surprise de nous préparer la Banik, le pain traditionnel amérindien. C’est délicieux !

Jour 2 – Boeufs musqués & Ours polaire

Nous avons au programme de rejoindre l’île Diana en canot où l’on peut notamment observer des bœufs musqués, ce fabuleux animal préhistorique. Mais la météo fait des siennes et le vent est trop fort, impossible d’embarquer sur un canot. Qu’à cela ne tienne, on actionne le Plan B et on file sur la toundra en buggy ! On se croit en safari et c’est l’aventure dans toute sa splendeur ! La route de terre s’étend à perte de vue entre rivage bleu, roches noires et toundra verte. Ce sentiment d’être au bout du monde, dans une place encore si peu explorée, est grisant…

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Notre guide Jusupi ©Mathilde Linossier

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Au coeur de la toundra en buggy ©Mathilde Linossier

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Quelques cabanes isolées indiquent la présence humaine dans la région ©Mathilde Linossier

On perd la notion du temps, j’aperçois au loin une grosse tâche sombre… c’est un bœuf musqué ! On s’approche doucement, on est à une centaine de mètres. Ils sont deux, et paissent tranquillement au bord de l’eau en jetant de temps en temps un coup d’œil vers nous. On peut observer leur silhouette et leur gueule si particulières, avant qu’ils ne partent dans un galop majestueux.

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Les boeufs musqués ©Mathilde Linossier

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Nous sommes à une centaine de mètres seulement, on est prêtes à capturer ce moment magique ©Mathilde Linossier

Quelques minutes plus tard, on aperçoit nos premiers caribous qui courent tranquillement dans leur immense terrain de jeu. Un peu plus loin, on voit quelque chose qui court à vive allure… cela se pourrait si… ? Non ?! Mais oui, on ne rêve pas, c’est bien un ours polaire ! Quel spectacle incroyable ! On peut l’observer pendant des secondes qui me paraissent très longues, avant qu’il ne disparaisse de notre vue. On essaiera de le revoir mais il en a décidé autrement. On n’en revient pas, d’habitude les ours se tiennent plus loin ! La région compte de nombreux ours polaires maintenant, car ces derniers viennent plus à l’intérieur des terres et ont changé leurs voies migratoires; cependant c’est incroyable de les voir en vrai.

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Oui, oui c’est bien un ours polaire ! ©Mathilde Linossier

 

buggy

Buggy sur la toundra ©Mathilde Linossier

Bertha et Adami nous invitent dans leur cabine pour le lunch : rustique et sommaire, mais très confortable avec un bon feu qui nous attend. La famille passe de temps en temps le weekend là, comme quoi la recherche d’escapade n’est pas réservée aux gens stressés de la ville 😉 Après le lunch, nous avons droit à une petite séance de dégustation locale… gloups ! Au menu on a :

  • De l’omble chevalier à tremper dans le « ketchup inuit » : de la graisse de béluga
  • De la peau de béluga à tremper dans le ketchup
  • Du béluga séché, même concept que le jerky beef.

Autant dire que l’expérience est moyennement concluante… le goût comme la texture ! Je préfère nettement observer les bélugas que les manger ! 😉

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Dégustation de produits typiques Inuits : à base de béluga ©Mathilde Linossier

Le village a un quota de pêche de 33 bélugas par an. Les prises de pêche et de chasse sont entreposées dans un frigo communautaire où chaque famille Inuit peut se servir librement selon ses besoins.

Après plusieurs tentatives, on arrive finalement à rejoindre l’Île Diana en canot, où l’on peut observer très facilement les bœufs musqués. Lorsqu’ils se frottent contre la roche, ils perdent de longs poils de leur crinière, que les Inuits utilisent notamment pour leurs souliers car c’est très chaud et très doux.

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Direction l’Île Diana en canot ©Mathilde Linossier

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Île Diane ©Mathilde Linossier

boeuf musqué

©Mathilde Linossier

Boeuf musqué

©Mathilde Linossier

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Selfieeee équipe de choc ! ©Mathilde Linossier

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La relève est assurée avec le fils adorable de Bertha et Adami ©Mathilde Linossier

Après cette journée riche en émotions, il est temps de rentrer à l’hôtel !

Jour 3 – Canot & Nids d’eider

On rejoint le village de Kangirsuk en avion. On découvre le village, plus grand que Quaqtaq et tout aussi coloré. En après-midi, on part en canot avec nos guides Joseph et Peter sur la rivière Payne, à l’embouchure de la Baie d’Ungava. On espère observer des caribous sur la rive opposée, mais ils se cachent bien, même si on peut observer des traces très fraiches de leur passage. On en profite quand même pour observer la superbe flore qui jonche la toundra. On accoste un peu plus loin sur une île où il y a des centaines de nids d’eider. Les Inuits récupèrent dans chaque nid un peu de duvet – en prenant soin de laisser le nid intact bien sûr – pour confectionner des vêtements.

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Nids d’eider ©Mathilde Linossier

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La flore exceptionnelle de la toundra ©Mathilde Linossier

Le soir, nous dînons au camp de construction avec les travailleurs du sud.

Jour 4 – Migration des caribous

On nous a signalé la présence de caribous derrière le petit aéroport, donc tout proche du village. On aperçoit très rapidement notre première horde d’une trentaine d’individus – 3000 sont en migration dans la région – et toute la matinée sera un véritable festival : on croise plusieurs groupes, de quelques individus à plusieurs dizaines… il faut prêter l’œil car ils se fondent dans le paysage. Quand on arrive au bord de l’eau, le décor est féérique : la marée est basse, la toundra éclate de toutes ses nuances de vert et l’eau scintille d’un bleu turquoise et profond grâce aux rayons du soleil qui a décidé de se montrer aujourd’hui, des îles se découpent au large, et des dizaines de caribous paissent tranquillement sans prêter attention à nous. On fait aussi quelques arrêts dans la toundra spongieuse. Les caribous sont tantôt au pas, tantôt au galop, mais toujours en mouvement, et toujours majestueux. Leurs bois sont impressionnants. On remarque un individu qui ouvre la marche. Parfois on les aperçoit qui se démarquent dans le ciel en longeant une crête. On en prend plein les mirettes !

On continue de les observer en après-midi mais on sera souvent témoins de scènes de chasse : seuls les Inuits ont droit de chasser, et ils ne prennent que ce dont ils ont besoin pour se nourrir; ici on ne connaît ni la notion de gaspillage, ni celle de massacre. On voit donc plusieurs familles qui viennent d’abattre un caribou et commencent le dépeçage – tout sera utilisé sauf la tête, laissée sur place, qui fera le bonheur des goélands. Rien ne se perd…

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La migration des caribous ©Mathilde Linossier

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Les caribous se déplacent en larges groupes et prennent parfois une petite pause ©Mathilde Linossier

Jour 5 – Survol féérique

On quitte ce charmant village pour rejoindre la dernière étape de notre périple : Tasiujaq, mais avant on profite de notre escale à Kuujjuaq pour visiter la petite ville. On monte ensuite à bord d’un minuscule avion, et on vole à si basse altitude que l’on peut observer à loisir le paysage, immense et sauvage. À l’approche du village, le long de la baie, on a tellement de nuances de bleu dans la mer que l’on se croirait presque dans les Caraïbes, n’eut été la végétation alentour qui nous ramène à la réalité du Grand Nord !

Nous sommes accueillies par notre guide Dan qui nous embarque à bord d’un autobus scolaire jaune à travers la toundra (toujours) où l’on s’arrête à quelques magnifiques points de vue.

coucher de soleil

Coucher de soleil sur la toundra ©Mathilde Linossier

Jour 6 – Immersion culturelle

Cette journée aurait dû être le point d’orgue du séjour avec la découverte en canot des îles qui parsèment la baie et sur lesquelles les ours polaires aiment se montrer. Mais Dame Météo en a décidé autrement et les vents violents qui frappent la région depuis quelques jours rendent toute excursion en bateau trop dangereuse. Dan se démène pour nous trouver un plan B et la journée sera consacrée à la découverte du village et l’immersion culturelle : on visite notamment l’école, où les savoir-faire traditionnels continuent d’être enseignés; le frigo communautaire où l’on peut voir les prises de chasse et pêche. Dan nous parle de sa culture, de sa famille et a un paquet d’anecdotes à partager avec nous. Même si la journée est moins aventureuse que prévu, elle reste quand même riche en partage et en échanges.

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Lumière splendide sur la toundra ©Mathilde Linossier

Vue panoramique du village

Jour 7 – Retour…

C’est avec le cœur lourd que notre aventure dans le Grand Nord se termine, mais on repart avec des souvenirs merveilleux et des images grandioses plein la tête.

Voilà, vous savez tout sur cette extraordinaire aventure. Mais pour bien la vendre à vos clients, il convient de compléter mon expérience avec des informations pratiques et bonnes à savoir !

Cible

  • Ce voyage s’adresse à des voyageurs qui ont un bon budget, et veulent vivre une expérience unique en territoire isolé
  • Voyage en immersion avec les locaux, et observation unique de la faune, d’espèces en déclin ou voie de disparition
  • Attention, ce n’est pas un voyage de luxe !
  • Mais c’est un voyage d’exception, pour l’immensité des paysages, le sentiment d’être seul au monde, de fouler une terre très peu explorée.

Comment s’y rendre

  • Nous relions Kuujuaq en avion depuis l’aéroport de Montréal – compter environ 2h de vol
  • Les autres villages qui bordent la Baie d’Ungava ne sont ensuite accessibles qu’en avion durant l’été – chaque vol dure entre 30 et 45mn et est assuré par un petit avion de brousse, de 10 à 20 places.
  • Le tarif du forfait s’explique en grande partie par le fait qu’il y a plusieurs transferts aériens.
  • Bon à savoir : il n’y a pas de siège réservé, il est mal vu de déranger la personne installée sur le siège ayant le même numéro que la carte d’embarquement de votre client.

Pourquoi un forfait

  • La présence d’un guide local est obligatoire, pour coordonner toutes les prestations et permettre des contacts avec la communauté locale.
  • Les dates proposées sont optimisées pour des raisons logistiques et ont été choisies en fonction des meilleures périodes pour observer la faune.

Confort et Nourriture

  • Il n’y a qu’un seul hôtel par village, appelé Hôtel Coop. Ils sont quasiment tous construits de la même manière, accueillent des travailleurs temporaires ou en mission et sont donc propices à des échanges avec des personnes ayant des parcours peu communs.
  • Ils sont modernes, disposent de chambres standard très propres, avec salle de bain privée et tout le confort nécessaire. Par contre, ce ne sont pas des hébergements de luxe, il ne faut pas s’attendre à trouver un lodge haut de gamme dans la région.
  • Il n’y a pas de restaurant sur place, mais une cuisine commune. Les repas sont assurés par les guides qui ont prévu des repas de type cuisine internationale.
  • Il ne faut pas s’attendre à déguster des repas traditionnels Inuit, puisque les prises de chasse et pêche sont partagées uniquement entre les familles Inuit et aucun commerce n’en est fait.

Météo et Plans B

  • Il faut être flexible car les activités ne sont pas toujours garanties, peuvent changer en fonction de la météo, des chances d’observation de la faune, etc.

Soleil de minuit & aurores boréales

  • Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il n’y a pas de soleil de minuit au Nunavik. Par contre, les journées sont très longues en été, le soleil se couche vers 23h et se lève vers 3h.
  • Durant les longues nuits d’hiver, les chances d’observer les aurores boréales sont très élevées

C’est un voyage qui reste exceptionnel et nous emmène vraiment dans un autre monde et un autre temps, à seulement 2h de Montréal !

 

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